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  • Photo du rédacteurLora Fragnière

Régimes et calories : entre mythes et cercles vicieux

Vous voulez maigrir ? Surtout, ne faites pas de régime !



Quand on parle de régime, on entend une manière de s’alimenter où l’on réduit drastiquement les quantités, et par conséquent les calories de notre alimentation. Les régimes miracles sont absurdement abondants sur internet, tout comme les théories pseudo-scientifiques sur les calories, les graisses et les sucres.


En réalité, tout régime « miracle », toute proposition d’alimentation visant à faire perdre un maximum de kilos en un rien de temps est terriblement dangereux et particulièrement inutile. Dans le meilleur des cas, le poids descendra, du moins à la première tentative de régime, mais il sera repris très rapidement dès l’arrêt de celui-ci. Dans le pire des cas, le poids ne descendra pas, et ça sera la course poursuite aux autres régimes. On finira alors par réaliser qu’on mange moins que jamais, qu’on ne perd pas de poids et surtout, que notre estime de nous-mêmes est au plus bas. Inutile de dire donc, que la santé, physique et mentale, est totalement ignorée et délaissée.


Bien que les problèmes posés par les régimes soient extrêmement nombreux, je ne parlerai dans cet article que de manière générale des problèmes liés au métabolisme et la mode/l’obsession des calories. Le but est de réussir à orienter la perte de poids sur la notion de santé, tant physique que psychique, plutôt que sur l’hypercontrôle et la restriction.



Premièrement, la notion de métabolisme est indispensable pour comprendre comment un régime peut impacter (négativement) le fonctionnement du corps. Le métabolisme représente la somme de toutes les réactions (physiques, chimiques, etc.) qui ont lieu à l’intérieur du corps au fil de la journée. Au repos, allongé ou même endormi, il se passe une quantité astronomique de réactions en tout genre qu’on ne soupçonnerait même pas : les contractions de tous petits muscles qui permettent au sang de circuler correctement, la transmission d’influx nerveux dans le cerveau, la synthèse de neurotransmetteurs, la contraction des organes digestifs, l’activité du système immunitaire et lymphatique, la contraction du muscle cardiaque, la respiration, et beaucoup plus encore. Chacun de ces phénomènes requiert de l’énergie. Or l’unité de mesure d’énergie que l’on utilise le plus couramment pour parler du métabolisme est celle des calories (ou plus correctement, les kilocalories). Les calories sont donc de l’énergie. L’apport d’énergie étant essentiel au corps, les calories le sont donc tout autant. Ainsi, dire qu’un repas riche en calories (en énergie) n’est pas bon pour la santé ou empêche de perdre du poids est tout bonnement absurde. Les calories, je le répète, ne sont rien d’autre qu’une unité de mesure de l’énergie.


Certains régimes « miracles » vantés par des professionnels du marketing mettront en avant le fait qu’une calorie est une calorie, et donc que, peu importe leur provenance, elles se valent toutes. Ainsi, manger l’équivalent de 500 calories de pain blanc serait absolument identique pour le corps que de manger 500 calories d’épinards. Selon cette logique, contrôler la quantité de calories présentes dans chaque aliment reviendrait à permettre de contrôler son poids. Par exemple, combien de fois avons-nous entendu que pour perdre du poids, il suffit de manger moins (sous-entendu diminué les calories/énergie présentes dans notre alimentation) ? Bien que cette réflexion aie une base physique cohérente (1 calorie = 1 calorie, en termes d’énergie), la réalité physiologique est bien plus complexe. En effet, les nutriments qui accompagnent les calories sont déterminants dans le métabolisme général.


En nutrition et micronutrition, il est commun de parler des calories vides et des calories pleines. Les calories vides font référence aux aliments qui ne contiennent pas (ou très peu) de micronutriments essentiels (comme les pâtisseries et confiseries issues de l’agroalimentaire, les bonbons, les sucres et farines raffinés, etc.), alors que les calories pleines font référence aux aliments riches en vitamines, minéraux et autres nutriments essentiels. Mais pourquoi ceci fait-il une différence pour le corps ? Eh bien parce que le corps a besoin d’une grande variété de macro et micronutriments essentiels[1] pour pouvoir fonctionner de manière optimale.


Lorsqu’au contraire le corps est privé de nutriments essentiels, comme c’est le cas dans les régimes restrictifs ou dans une alimentation trop transformée, il va se mettre « au ralenti ». Ce ralenti est en réalité caractérisé par un phénomène physiologique très concret qui est une diminution du métabolisme général. D’une part, parce que la plupart des réactions qui ont lieu dans le corps ne peuvent se faire que grâce à des nutriments essentiels spécifiques (acides aminés, acides gras, vitamines, minéraux, antioxydants, etc.) et d’autre part car lorsqu’il est privé de calories (régimes restrictifs), le corps ne peut pas prendre le risque de continuer à fonctionner de manière aussi efficace puisqu’il risque de se retrouver à court d’énergie pour alimenter ses fonctions vitales. Résultat donc, le métabolisme ralentit[2], la perte de poids se fait plus difficile, voire même n’est plus possible et malgré une faible quantité de nourriture, le poids remonte.


C’est d’ailleurs pour cette raison qu’après un régime, les personnes ont tendance à reprendre leur poids de départ, et même bien plus. D’une part la restriction mène à une frustration telle que la surcompensation est inévitable, et d’autre part, le métabolisme ayant ralentit, le moindre apport supplémentaire de nourriture sera stocké en prévision d’une prochaine restriction (ce phénomène est gouverné par diverses hormones qui répondent à la quantité de nourriture et divers nutriments présents ou non dans le corps). Il n’est ainsi pas rare que des personnes ayant fait de nombreux régimes se retrouvent en surpoids malgré une très faible consommation de nourriture et que des régimes qui auraient « fonctionné » par le passé n’aient plus aucun effet.


Si c’est votre cas, rassurez-vous toutefois, car une perturbation du métabolisme n’est pas une fatalité. Il est en effet possible, avec du temps, de la patience et avec une bonne approche (préférablement avec l’aide d’un professionnel pour ne pas retomber dans des mécanismes destructeurs), de réapprendre au corps à utiliser de manière efficace l’énergie qui lui est apportée. Dans ce sens, la nutrition et la micronutrition sont des éléments clés pour aider à combler les carences qui auraient pu être causées au fil du temps et qui contribuent à une baisse du métabolisme.


Et si vous êtes en revanche de ceux qui s’apprêtaient à entreprendre un régime, j’espère que cet article vous aura dissuadé de le faire. Les carences nutritionnelles et micronutritionnelles engendrées par ce genre d’alimentation peuvent avoir des répercutions graves sur la santé au long terme, et même s’il n’est jamais trop tard pour revenir en arrière, il vaut toujours mieux ne pas pousser le corps dans ses retranchements et trouver une alternative saine à la perte de poids drastique et rapide.


Je terminerai par dire qu’une perte de poids, surtout si elle est conséquente, n’est pas anodine. Si vous souhaitez perdre du poids, être accompagné par un professionnel de la santé sera donc certainement votre meilleur atout. Il pourra vous aider à prioriser votre santé dans votre démarche, et sera aussi apte à comprendre la complexité et les difficultés que peut représenter une perte de poids. Soyez donc patients et ne recherchez pas la vitesse, le corps a besoin de temps pour s’adapter aux changements et si la prise de poids est en général un processus long et chronique, il n’y a aucune raison d’attendre du corps qu’il puisse maigrir rapidement et de manière saine et durable !


Alors plutôt que de focaliser votre énergie sur le contrôle des calories et des quantités, réorientez-vous vers la qualité nutritionnelle de vos aliments et osez manger ! Votre corps vous montrera que vous pouvez lui faire confiance pour retrouver un état de santé optimal (et le poids qui lui convient). Armez-vous de patience et réapprenez à vous écouter car aucun régime ne pourra le faire pour vous.

[1]« Essentiels » car le corps ne peut pas les produire lui-même et qu’ils doivent donc provenir de l’alimentation). [2] Une baisse du métabolisme est généralement causée par un dysfonctionnement de la thyroïde, elle-même notamment causée par des carences micronutritionnelles ou une diminution de l’activité cellulaire générale par manque d’énergie. Bien sûr, les liens de cause à effet sont simplifiés afin de rendre la lecture plus digeste.


Lora Fragnière


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